A Permanent Wind Inside Us

2017
Exhibitions

Marco Godinho – A Permanent Wind Inside Us

progress gallery, Paris, France
12.10 – 10.11.2017

Curator: Anne-Françoise Jumeau

Les marges du monde et l’expérience des seuils

J’emprunte les deux parties de ce titre au poème écrit par l’artiste Marco Godinho pour cette exposition. Ce poème qui l’ouvre. Il est important de partir de ses mots, de ceux qui nourrissent son travail. Ils sont une adresse à l’autre, à tous les autres ; ils viennent se former pour fixer le mouvement incessant des éléments du monde. L’agencement de ses mots forme un cycle, la partition invisible des jours et des semaines.

Tout est écrit sur du vent, de l’eau, du feu. En eux.
Et nous pouvons passer notre existence à tenter de capter ces mots transportés, insaisissables et magnifiques. À travers eux, à donner forme et consistance au réel. À l’éprouver, enfin. C’est-à-dire à s’inscrire dans la distance entre les mots et les choses, à y faire son endroit, sa place, et ainsi parcourir incessamment le chemin entre les uns et les autres.
Partir et revenir.

L’artiste est un explorateur polyglotte qui parcourt le monde et ses marges pour faire l’expérience des seuils, là où quelque chose bascule : le sommet d’un volcan encore en activité, ses crêtes, la neige et le froid, la solitude, la mer, le vent et le silence, les déplacements, l’exil, les traces laissées derrière soi…

Par la marche, il observe et scrute le paysage, la nature, ce que nous laisse l’aujourd’hui pour vivre et sentir encore. L’expérience ici est première, pour nous faire éprouver qu’il y a de l’extérieur (encore) et de l’intériorité. Mais il n’y a pas appropriation pour autant, sinon par les mots et les images, les gestes aussi, qui saisissent au vol la prégnance du monde.

Le vent, la terre, le feu, l’eau sont notre mémoire enfouie et glissante, fuyante.
Marco Godinho s’en empare à même ses mains et son regard, ses pieds et son corps, ses mots. C’est une poétique des éléments à l’œuvre, fixés momentanément dans le flux du temps.

Nous cherchons à capter les mots qui nous échappent, à les inscrire en nous.
Là, se dessinent des paysages du secret enseveli.

À voir ses films, ses cahiers, ses cartes postales, à lire ses mots je me déplace.
Me prend l’envie des correspondances, de répondre aux mots adressés. Marco Godinho m’y invite. Ainsi les lettres suivront, de jour en jour tout au long de l’exposition. Elles constitueront un hypothétique livre à venir fait de ces lettre-océan, la trace d’un dialogue noué entre les mots et les images. Où l’on apprendra le feu et le récit, la flamme et la cendre, à construire un feu ; où l’on suivra la vie errante et le passage des heures ; où l’on passera des frontières ; où l’on accompagnera les chiens dans le paysage et, par ricochets et fragments, on déploiera une constellation, celle du travail de Marco Godinho qui éclaire dans la nuit noire.

Sally Bonn

 
Ce poème écrit par l'artiste comporte autant de lignes de texte que la durée de l'exposition, 30 jours. Chaque ligne est un jour, chaque strophe une semaine.

 
Un vent permanent à l’intérieur de nous

La lune s’exile, l’univers est en nous

Laisser l’extérieur entrer dans l’intime

À présent c’est la mer qui écrit nos poèmes

Répétition de la nuit et du jour comme paysage mental

Possibilité d’un autre langage dessiné par le vent

Un souffle se fond dans l’inconnu

Une flamme effleure un sol enneigé

Fuite de toute chose certaine, les animaux nous écoutent

Sentiment de liquidité, mouvement dirigé par la gravité

Feu omniprésent qui agite la terre sans jamais s’éteindre

Disposition des expériences en forme de poésie

Actions permanentes qui déclenchent l’ouverture

Les jours s’effondrent dans les ondes sauvages

Perte de la distance, tout est désormais si proche

Nécessité de sortir de cette indifférence partagée

Situations de conflit, toutes les cultures se croisent

Voix amplifiées par le son de la révolte

Les marges du monde pointent leur présence

Le désir de garder le doute à jamais éveillé

Se souvenir de ce qui manque profondément

Prolongement de la mémoire qui se déplace ailleurs

Le quotidien à lui seul partage toute l’énergie essentielle

Le soleil se révèle être l’oeil qui nous observe

Répétition des gestes, des choses élémentaires

Dématérialisation des contraintes géographiques

Les attitudes ont changé, élévation de l’impossible

Collectionner les ralentis et toute sorte d’abandons

Les alliés dérivent sur la même côte

Le brouillard se dissipe sans laisser aucune odeur

Expériences de seuil, le temps est notre seul complice

Marco Godinho

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